Peut-être pas le meilleur endroit pour se rencontrer | Zarachy B.

Après m'être installer dans ma nouvelle chambre, je redescendis sur le parking pour aller chercher mon sac à main. Mes mains étaient encore rouge et me faisaient souffrir, malgré leur nombreux passages sous l'eau froide. Je sortis ma clé de voiture de ma poche et me dirigea vers ma voiture.
C'était une voiture ordinaire. Grise, discrète. Je l'avais payer grâce à mon mince salaire de serveuse. Ce qui me faisait penser qu'il faudrait que je me trouve un petit boulot ici. J'avais penser reprendre le même boulot qu'à Phœnix, mais j'étais venue ici pour changer d'air. Alors autant tout changer, me faire une nouvelle vie.

J'ouvris la portière de ma voiture et essaya dans bien que mal de récupérer mon sac, que j'avais lancé n'importe où, sur la banquette arrière. J'avais toujours détester les voitures qui n'avaient que deux portières. Mais j'étais bien forcée de faire avec cette voiture. Une fois mon sac récupérer, je m'apprêtais à aller faire un tour en ville, histoire de me retrouver à peu près. Je regarda autour de moi et vit un homme, l'air complètement perdu, regarder autour de lui, bagages en mains. Et dire que j'étais dans la même galère que lui, quelques heures auparavant. Je m'approcha discrètement de lui.

"Vous avez besoin d'aide ?"

Lui lançais-je avec un sourire timide. Il leva la tête vers moi. Il avait un très beau visage. Une tignasse désordonnée de cheveux brun foncé, presque noire. Et ses yeux faisait un magnifique contraste avec le reste de son visage. Le tout lui donnant un air étrangement gentil.

J'étais déjà arrivé depuis quelques jours à San Francisco mais l'Université n'ouvrait ses portes qu'aujourd'hui, ainsi j'avais rendu ma chambre d'hôtel ce matin avant de me balader tranquillement en ville, cherchant par la même occasion un petit travail comme serveur ou comme intérimaire. La bourse suffisait à payer mes premiers mois d'étude mais je devais dès lors commencer à économiser pour la suite. Je n'avais encore rencontré personne ici, tout était tellement grand, tellement étranger que je n'avais pas encore réussi à prendre mes repères et à aller vers les autres. Seules quelques minutes de route me séparaient du parking de l'académie, et lorsque j'y arrivais enfin la taille de l'endroit me pris au dépourvu, complètement désorienté et perdu. Impossible de déterminer où était la vraie entrée tellement il avait de bâtiments sur le campus. Une fois le contact de ma vieille chevrolet bleue à plateau coupé, je récupérai mes affaires à l'arrière et m'apprêtai à partir quand soudain une voix résonna derrière moi.

"Vous avez besoin d'aide ? "

Surpris, je lâchai ma valise et émis un petit hoquet de peur, avant de me retourner vers l'inconnue.

" Pardon, je suis un peu sur les nerfs en ce moment, je sursaute pour un oui ou pour un non. J'aurais bien besoin d'aide, oui, si ça ne vous dérange pas. Je suis complètement perdu, tout est si grand ici ! Savez vous où est la vraie porte d'entrée de l'accueil ? "

Gêné, je ne me rendais même pas compte du flot de parole que je venais de débiter en quelques seconde. Lorsque j'en pris conscience, j'affichai un grand sourire stressé, réflèxe inévitable qui n'arrive qu'à moi...

"Pardon, je suis un peu sur les nerfs en ce moment, je sursaute pour un oui ou pour un non. J'aurais bien besoin d'aide, oui, si ça ne vous dérange pas. Je suis complètement perdu, tout est si grand ici ! Savez vous où est la vraie porte d'entrée de l'accueil ?"

J'émis un petit rire devant son sourire gêné. Curieusement, il dégageait quelque chose qui me poussai à le "prendre sous mon aile", en quelque sorte.

" C'est vrai que c'est immense. Suivez moi, je vais vous y conduire. "

Lui répondis-je en souriant. J'attrapai une de ses valises. La moins lourde, mes mains me lançaient encore. Et j'étais persuadée que l'autre valise m'aurait échappé des mains. Les nouveaux arrivants débarquaient peu à peu. Et les cours commençaient dans quelques jours. J'espérais être à la hauteur du travail demander. Je n'avais jamais été une très grande bosseuse.

" Je m'appelle Chelsea. Et vous ? "

Demandais-je en chemin. J'avais prononcer ces mêmes paroles hier, avec Conrad, l'homme qui m'avait immédiatement paru froid. Je me promis qu'à l'avenir, je l'éviterais. Je n'avais pas envie de trainer avec lui. Lui qui avait tant l'air de détester tout le monde. Fort bien, qu'il reste seul. Je fronça les sourcils en me rendant compte que ce que je venais de penser était vraiment... Dégueulasse. Je n'avais pas l'habitude de penser du mal des gens. Mais avec Conrad... c'était différent. C'était comme si je l'avais connu depuis toujours. Et il était irritant de voir à quel point il pouvait se montrer désagréable en si peu de temps.

" Voilà. Ici c'est l'accueil et... Par ici c'est les chambres. "

Dis-je à l'homme, tout en lui indiquant les directions. Quelque instant après, il entra dans le bureau de l'administration, laissant ses bagages près de la porte. Je resta là à l'attendre, étant sûre qu'il aurait du mal à se repéré. Du coin de l'œil j'examinai la vieille secrétaire, qui semblait beaucoup moins antipathique qu'elle m'avait paru, quelques heures auparavant.

Comme à chaque fois, mon attitude faisait rire les gens, et la jeune femme n'y échappa pas. Ça ne me dérangeais pas plus que ça, j'avais l'habitude, et j'étais plutôt content qu'elle le prenne bien.

" C'est vrai que c'est immense. Suivez moi, je vais vous y conduire. "

Elle s'abaissa pour prendre une des mes valises, chose que je refusais, car elle était bien trop lourde pour le corps menu de la jeune femme et que j'avais remarqué les rougeurs sur ses mains qui devait lui faire particulièrement mal.

" Laissez, je suis assez grand pour les prendre seul, dis-je avec un sourire rassurant. Vous devriez plutôt prendre soin de vos mains, elles doivent vous faire souffrir, je me trompe ? "

Après avoir acquiescé, elle reprit la parole, elle devait se douter que je n'allais pas le faire.

" Je m'appelle Chelsea. Et vous ? "
"Zachary. "

C'était la première fois que j'adressais vraiment la parole à quelqu'un ici, la première fois aussi qu'on venait m'aider. Chelsea me rappelait une amie que j'avais connue à Pheonix, grande, blonde aux yeux bleus perçants qui devait sûrement être intelligente. A la simple différence que l'une était très... extravertie, l'inverse de moi, et était capable de vous sauter dessus pour vous accueillir alors que vous l'aviez jamais vu auparavant. Chelsea paraissait plus sereine, plus posée, le genre de fille dont Zachary apprécie la compagnie. Une fois dans les bâtiments, elle m'indiqua les divers endroits où je devais me rendre.

" Voilà. Ici c'est l'accueil et... Par ici c'est les chambres. "

La remerciant d'un signe de tête gêné, je pris ensuite la direction du bureau où je fus reçu très... froidement. La vieille femme dont les cheveux frisottants avait une teinte blanche parfaite me tendit des papiers à signer ainsi qu'un emplois du temps plus que rempli.

" Choisissez vos options, vous verrez qu'à la fin il ne restera plus beaucoup de cases occupées. "
" Merci, tous les papiers sont signés ? "

Elle fit un rapide signe de tête en guise de reponse positive avant de me faire comprendre qu'il fallait que je m'en aille parce qu'elle avait du travail. Ca commence bien !Je ressortis et aperçu avec joie que Chelsea était encore là, patientant dans le couloir déjà bondé.

" Quel accueil ! Où sont les chambres déjà ? "

Ajoutai-je avec de nouveau un grand sourire confu, et une grande bouffée de chaleur parcourant mon dos pour finir par faire brûler mes joues.

- « Quel accueil ! Où sont les chambres déjà ? »

- « Oh, j’ai eu le droit au même accueil. » Fis-je en riant « Les chambres… Je vais t’y accompagner. C’est par ici. »

Lui dis-je en l’entrainant vers l’ascenceur. J’appuya sur le bouton et quelque instants après, les portes métalliques s’ouvrirent sans bruit. J’entra, Zachary sur mes pas. Je trouvais son prénom très joli. C’étais la première fois que je l’entendais. Et j’aurais été curieuse de savoir d’où son nom venait. Mais pour l’instant, je préférais ne pas poser trop de questions, il avait l’air assez timide comme ça.
Les portes de l’ascenceur s’ouvrirent. J’examina, pour la deuxième fois de la journée, les plaques en or, à la recherche du nom de Zachary cette fois-ci.
Je le trouva au bout de quelques minutes. « Zachary J. Burton & Chelsea J. Reed ». Je fronça les sourcils. Je n’avais même pas remarquer que nous étions colocataires.

« Ah, on est colocataires ! »

Lui fis-je, un grand sourire aux lèvres. Je tira alors ma propre clé de ma porte et la fit tourner dans la serrure. J’ouvris la porte en lançant un joyeux « Bienvenue chez toi ! » à Zachary. Je souri devant ma gaffe, si je continuai ainsi, il allait être encore plus mal à l’aise qu’il ne l’était déjà. De plus, je venais de remarquer que j'étais en train de le tutoyer depuis un bon bout de temps.